Dévotion à Marie
Priez Marie pour la conversion des pécheurs,
pour l'Eglise
et pour les âmes du purgatoire
"Ayant confiance en vous, ô Mère de Dieu, je serai sauvé; ayant votre protection, je ne craindrai rien; avec votre secours, je combattrai et mettrai en fuite mes ennemis: car votre dévotion est une arme de salut que Dieu donne à ceux qu'il veut sauver." Saint Jean Damascène
L'Ave Maria est une rosée céleste et divine qui, tombant dans l'âme d'un prédestiné, lui communique une fécondité admirable pour produire toutes sortes de vertus, et plus l'âme est arrosée par cette prière, plus elle devient éclairée dans l'esprit, embrasée dans le coeur et fortifiée contre tous ses ennemis.
L'Ave Maria est un trait perçant et enflammé qui, étant uni par un prédicateur à la parole de Dieu qu'il annonce, lui donne la force de percer, de toucher et de convertir les cœurs les plus endurcis, quoique d'ailleurs il n'ait pas beaucoup de talent naturel pour la prédication. Ce fut ce trait secret que la sainte Vierge, comme j'ai déjà dit, enseigna à saint Dominique et au bienheureux Alain, pour convertir les hérétiques et les pécheurs. C'est de là qu'est venue la pratique des prédicateurs de dire un Ave Maria en commençant leur prédication, comme assure saint Antonin.
Cette divine Salutation attire sur nous la bénédiction de Jésus et de Marie, car c'est un principe infaillible que Jésus et Marie récompensent magnifiquement ceux qui les glorifient: ils rendent au centuple les bénédictions qu'on leur donne. "Ceux qui sèment des bénédictions recueilleront des bénédictions" (2 Cor 9,6).
Or n'est-ce pas aimer, bénir et glorifier Jésus et Marie que de réciter comme il faut la Salutation angélique?
En chaque Ave Maria, on donnera deux bénédictions à Jésus et à Marie. Vous êtes bénie entre toutes les femmes et béni le fruit de votre ventre, Jésus.
Qui pourrait croire que Jésus et Marie, qui font du bien souvent à ceux qui les maudissent, donnassent leurs malédictions à ceux et celles qui les bénissent et les honorent par l'Ave Maria?
La Reine des cieux, disent saint Bernard et saint Bonaventure, n'est pas moins reconnaissante et honnête que les personnes de qualité bien élevées en ce monde: elle les surpasse même en cette vertu comme en toutes les autres perfections; elle ne souffrira donc jamais que nous l'honorions avec respect, qu'elle ne nous le rende au centuple.
Marie, dit saint Bonaventure, nous salue avec la grâce, si nous la saluons avec l'Ave Maria.
Qui pourrait comprendre les grâces et les bénédictions qu'opèrent en nous le salut et les regards bénins de la sainte Vierge? Dans le moment que sainte Elisabeth entendit le salut que lui donna la Mère de Dieu, elle fut remplie du Saint-Esprit, et l'enfant qu'elle portait dans son sein tressaillit de joie. Si nous nous rendons dignes du salut et de la bénédiction réciproques de la sainte Vierge, sans doute nous serons remplis de la grâce et un torrent de consolations spirituelles découlera dans nos âmes.
Il est écrit: "Donnez et on vous donnera".
Prenons la comparaison du bienheureux Alain: "Si je vous donnais chaque jour cent cinquante diamants, quand vous seriez mon ennemi, ne me pardonneriez-vous pas? Ne me feriez-vous pas comme un ami, toutes les grâces que vous pourriez? Voulez-vous vous enrichir des biens de la grâce et de la gloire? Saluez la très sainte Vierge, honorez votre bonne Mère".
Celui qui honore sa Mère, la sainte Vierge, est semblable à un homme qui amasse des trésors" (Si 3,5).
Présentez-lui chaque jour au moins cinquante Ave Maria dont chacun contient quinze pierres précieuses, qui lui sont plus agréables que toutes les richesses de la terre. Que ne devez-vous pas attendre de sa libéralité?
Elle est notre Mère et notre amie. Elle est l'impératrice de l'univers qui nous aime plus que toutes les mères et les reines ensemble n'ont aimé un homme mortel, car, dit saint Augustin, la charité de la Vierge Marie excède tout l'amour naturel de tous les hommes et de tous les anges.
Un jour, Notre-Seigneur apparut à sainte Gertrude comptant des pièces d'or; elle eut la hardiesse de lui demander ce qu'il comptait. "Je compte, lui répondit Jésus- Christ, tes Ave Maria, c'est la monnaie dont on achète mon paradis".
"Que celui qui vous aime, ô divine Marie, lui dit le bienheureux Alain de la Roche, écoute et goûte:
Le ciel est dans la joie, la terre est dans l'admiration, toutes les fois que je dis: Ave Maria;
j'ai le monde en horreur, j'ai l'amour de Dieu dans mon coeur,lorsque je dis :Ave Maria;
mes craintes s'évanouissent, mes passions se mortifient,quand je dis: Ave Maria;
je crois dans la dévotion, je trouve la componction, quand je dis: Ave Maria;
mon espérance s'affermit, ma consolation s'augmente, lorsque je dis: Ave Maria;
mon esprit se réjouit, mon chagrin se dissipe, quand je dis: Ave Maria;
car la douceur de cette bénigne salutation est si grande qu'on n'a point de terme pour l'expliquer comme il faut, et après qu'on en aura dit des merveilles, elle demeure encore si cachée et si profonde qu'on ne la peut découvrir.
Elle est courte en paroles, mais grande en mystères;
elle est plus douce que le miel et plus précieuse que l'or;
il faut très fréquemment l'avoir dans le coeur pour la méditer, et dans la bouche pour la lire et la répéter dévotement".
Saint Louis Marie Grignion de Montfort, Le secret admirable du Très saint Rosaire