Dévotion à Marie
Priez Marie pour la conversion des pécheurs,
pour l'Eglise
et pour les âmes du purgatoire
"Ayant confiance en vous, ô Mère de Dieu, je serai sauvé; ayant votre protection, je ne craindrai rien; avec votre secours, je combattrai et mettrai en fuite mes ennemis: car votre dévotion est une arme de salut que Dieu donne à ceux qu'il veut sauver." Saint Jean Damascène
"Voilà la conduite que gardent les réprouvés tous les jours:
186 1 Ils se fient en leur force et leurs industries pour les affaires temporelles; ils sont très forts, très habiles et très éclairés pour les choses de la terre, mais très faibles et très ignorants dans les choses du ciel. C'est pourquoi:
187. 2 Ils ne demeurent point ou très peu chez eux, dans leur maison propre, c'est-à-dire dans leur intérieur, qui est la maison intérieure et essentielle que Dieu a donné à chaque homme pour y demeurer à son exemple: car Dieu demeure toujours chez soi. Les réprouvés n'aiment point la retraite, ni la spiritualité, ni la dévotion intérieure, et ils traitent de petits esprits, de bigots et de sauvages ceux qui sont intérieurs et retirés du monde, et qui travaillent plus au dedans qu'au dehors.
188. 3 Les réprouvés ne se soucient guère de la dévotion à la Sainte Vierge, la Mère des prédestinés; il est vrai qu'ils ne la haïssent pas formellement, ils lui donnent quelquefois des louanges, ils disent qu'ils l'aiment et ils pratiquent même quelque dévotion en son honneur; mais, au reste, ils ne sauraient souffrir qu'on l'aime tendrement, parce qu'ils n'ont point pour elle les tendresses de Jacob; ils trouvent à redire aux pratiques de dévotion auxquelles ses bons enfants et serviteurs se rendent fidèles pour gagner son affection, parce qu'ils ne croient pas que cette dévotion leur soit nécessaire au salut, et que, pourvu qu'ils ne haïssent pas formellement la Sainte Vierge, ou qu'ils ne méprisent pas ouvertement sa dévotion, c'en est assez, et ils ont gagné les bonnes grâces de la Sainte Vierge, ils sont ses serviteurs, en récitant et marmottant quelques oraisons en son honneur, sans tendresse pour elle ni amendement pour eux-mêmes.
189. 4 Les réprouvés vendent leur droit d'aînesse, c'est-à- dire les plaisirs du paradis pour un plat de lentilles, c'est- à-dire pour les plaisirs de la terre. Ils rient, ils boivent, ils mangent, ils se divertissent, ils jouent, ils dansent, etc., sans se mettre en peine, comme Esaü, de se rendre dignes de la bénédiction du Père céleste.
En trois mots, ils ne pensent qu'à la terre, ils n'aiment que la terre, ils ne parlent et n'agissent que pour la terre et ses plaisirs, vendant pour un petit moment de plaisir, pour une vaine fumée d'honneur, et pour un morceau de terre dure, jaune ou blanche, la grâce baptismale, leur robe d'innocence, leur héritage céleste.
190. 5 Enfin, les réprouvés haïssent et persécutent tous les jours les prédestinés, ouvertement ou secrètement; ils les méprisent, ils les critiquent, ils les contrefont, ils les injurient, ils les volent, ils les trompent, ils les appauvrissent, ils les chassent, ils les réduisent dans la poussière; tandis qu'ils font fortune, qu'ils prennent leurs plaisirs, qu'ils sont en belle passe, qu'ils s'enrichissent, qu'ils s'agrandissent et vivent à leur aise.
199 Les réprouvés... mettent toute leur confiance en eux-mêmes, ne mangeant, avec l'enfant prodigue, que ce que mangent les cochons, ne se nourrissant avec les crapauds que de la terre et n'aimant que les choses visibles et extérieures, avec les mondains, ils ne goûtent point les douceurs du sein et des mamelles de Marie; ils ne sentent point un certain appui et une certaine confiance que les prédestinés sentent pour la Sainte Vierge, leur bonne Mère.
Ils aiment misérablement leur faim au dehors, comme dit saint Grégoire, parce qu'ils ne veulent pas goûter la douceur qui est toute préparée au dedans d'eux-mêmes et au dedans de Jésus et de Marie.
200. Les réprouvés... sont malheureux pendant leur vie, à leur mort et dans l'éternité, parce qu'ils n'imitent point la Très Sainte Vierge dans ses vertus, se contentant de se mettre quelquefois de ses confréries, de réciter quelques prières en son honneur ou de faire quelque autre dévotion extérieure."
"Voilà aussi la conduite que gardent tous les jours les prédestinés:
1 Ils sont sédentaires à la maison avec leur mère, c'est-à-dire, ils aiment la retraite, ils sont intérieurs, ils s'appliquent à l'oraison, mais à l'exemple et dans la compagnie de leur Mère, la Sainte Vierge, dont toute la gloire est au-dedans, et qui, pendant toute sa vie, a aimé la retraite et l'oraison. Il est vrai qu'ils paraissent quelquefois au dehors dans le monde; mais c'est par obéissance à la volonté de Dieu et à celle de leur chère Mère, pour remplir les devoirs de leur état.
Quelques grandes choses en apparence qu'ils fassent au dehors, ils estiment encore beaucoup plus celles qu'ils font au dedans d'eux-mêmes, dans leur intérieur, en compagnie de la Très Sainte Vierge, parce qu'ils y font le grand ouvrage de leur perfection, auprès duquel tous les autres ouvrages ne sont que des jeux d'enfants.
C'est pourquoi, tandis quelquefois que leurs frères et soeurs travaillent pour le dehors avec beaucoup de force, d'industrie et de succès, dans la louange et approbation du monde, ils connaissent, par la lumière du Saint-Esprit, qu'il y a beaucoup plus de gloire, de bien et de plaisir à demeurer caché dans la retraite avec Jésus-Christ, leur modèle, dans une entière et parfaite soumission à leur Mère, que de faire par soi-même des merveilles de nature et de grâce dans le monde, comme tant d'Esaü et de réprouvés. La gloire pour Dieu et les richesses pour l'homme se trouvent dans la maison de Marie.
197. 2 Ils aiment tendrement et honorent véritablement la Très Sainte Vierge comme leur bonne Mère et Maîtresse. Ils l'aiment non seulement de bouche, mais en vérité; ils l'honorent non seulement à l'extérieur, mais dans le fond du coeur; ils évitent, comme Jacob, tout ce qui lui peut déplaire, et pratiquent avec ferveur tout ce qu'ils croient pouvoir leur acquérir sa bienveillance. Ils lui apportent et lui donnent, non deux chevreaux, comme Jacob à Rébecca, mais leur corps et leur âme, avec tout ce qui en dépend, figurés par les deux chevreaux de Jacob, afin:
1 qu'elle les reçoive comme une chose qui lui appartient;
2 afin qu'elle les tue et les fasse mourir au péché et à eux-mêmes, en les écorchant et dépouillant de leur propre peau et de leur amour-propre, et, par ce moyen, pour plaire à Jésus, son Fils, qui ne veut pour ses amis et disciples que des morts à eux-mêmes;
3 afin qu'elle les apprête au goût du Père céleste, et à sa plus grande gloire, qu'elle connaît mieux qu'aucune créature;
4 afin que, par ses soins et ses intercessions, ce corps et cette âme, bien purifiés de toute tache, bien morts, bien dépouillés et bien apprêtés, soient un mets délicat, digne de la bouche et de la bénédiction du Père céleste...
Les réprouvés disent assez qu'ils aiment Jésus, qu'ils aiment et qu'ils honorent Marie, mais non pas de leur substance, mais non pas jusqu'à leur sacrifier leurs corps avec ses sens et leur âme avec ses passions, comme les prédestinés.
198. 3 Ils sont soumis et obéissants à la Sainte Vierge, comme à leur bonne Mère à l'exemple de Jésus-Christ, qui, de trente et trois ans qu'il a vécu sur la terre, en a employé trente à glorifier Dieu son Père, par une parfaite et entière soumission à sa sainte Mère. Ils lui obéissent en suivant exactement ses conseils, comme le petit Jacob ceux de Rébecca, à qui elle dit: Mon fils suivez mes conseils; ou comme les conviés des noces de Cana, auxquels la Sainte Vierge dit: Faites tout ce que mon Fils vous dira. Jacob, pour avoir obéi à sa mère, reçut la bénédiction comme par miracle, quoique naturellement il ne dût pas l'avoir; les conviés aux noces de Cana, pour avoir suivi le conseil de la Sainte Vierge, furent honorés du premier miracle de Jésus-Christ, qui y convertit l'eau en vin, à la prière de sa sainte Mère.
De même, tous ceux qui, jusqu'à la fin des siècles, recevront la bénédiction du Père céleste et seront honorés des merveilles de Dieu, ne recevront ces grâces qu'en conséquence de leur parfaite obéisssance à Marie. Les Esaü, au contraire, perdent leur bénédiction, faute de soumission à la Sainte Vierge.
199. 4 Ils ont une grande confiance dans la bonté et la puissance de la Très Sainte Vierge, leur bonne Mère; ils réclament sans cesse son secours; ils la regardent comme leur étoile polaire, pour arriver à bon port; ils lui découvrent leurs peines et leurs besoins avec beaucoup d'ouverture de coeur; ils s'attachent à ses mamelles de miséricorde et de douceur, pour avoir le pardon de leurs péchés par son intercession ou pour goûter ses douceurs maternelles dans leurs peines et leurs ennuis.
Ils se jettent même, se cachent et se perdent d'une manière admirable dans son sein amoureux et virginal, pour y être embrasés du pur amour, pour y être purifiés des moindres taches et pour y trouver pleinement Jésus, qui y réside comme dans son plus glorieux trône.
200. 5 Enfin, les prédestinés gardent les voies de la Sainte Vierge, leur bonne Mère, c'est-à-dire: ils l'imitent, et c'est en cela qu'ils sont vraiment heureux et dévots, et qu'ils portent la marque infaillible de leur prédestination, comme leur dit cette bonne Mère: bienheureux ceux qui pratiquent mes vertus et qui marchent sur les traces de ma vie, avec le secours de la divine grâce.
Ils sont heureux dans ce monde, pendant leur vie, par l'abondance des grâces et des douceurs que je leur communique de ma plénitude, et plus abondamment qu'aux autres qui ne m'imitent pas de si près; ils sont heureux dans leur mort, qui est douce et tranquille, et à laquelle j'assiste ordinairement, pour les conduire moi-même dans les joies de l'éternité; enfin, ils seront heureux dans l'éternité, parce que jamais aucun de mes bons serviteurs, qui a imité mes vertus pendant sa vie, n'a été perdu."

