Dévotion à Marie
Priez Marie pour la conversion des pécheurs,
pour l'Eglise
et pour les âmes du purgatoire
"Ayant confiance en vous, ô Mère de Dieu, je serai sauvé; ayant votre protection, je ne craindrai rien; avec votre secours, je combattrai et mettrai en fuite mes ennemis: car votre dévotion est une arme de salut que Dieu donne à ceux qu'il veut sauver." Saint Jean Damascène
Nécessité de la Prière
Sans le secours de la grâce nous ne pouvons faire aucun bien : « Hors de moi vous ne pouvez rien faire » (Jn 15, 5).
Saint Augustin note à propos de cette phrase que Jésus n'a pas dit : Vous ne pouvez rien parfaire, mais "rien faire" . Notre Sauveur nous donne ainsi à entendre que, sans la grâce, nous ne pouvons même pas commencer à faire le bien.
L'Apôtre Paul va jusqu'à écrire que de nous-mêmes nous ne pouvons même pas en avoir le désir :
« Et si nous avons tant d'assurance devant Dieu grâce au Christ, ce n'est pas à cause d'une capacité personnelle dont nous pourrions nous attribuer le mérite. Notre capacité vient de Dieu » (2 Co 3, 5).
Si donc nous ne pouvons même pas penser au bien, encore moins pouvons-nous le désirer. Beaucoup d'autres textes de la Sainte Ecriture expriment la même idée : « C'est le même Dieu qui opère tout en tous » ( 1 Co 12,6).
« Je ferai que vous marchiez selon mes lois et que vous observiez et pratiquiez mes coutumes » (Ez 36, 27).
Aussi saint Léon ler a-t-il pu écrire : « L'homme ne fait aucun bien sans que Dieu lui donne de le faire ». Nous ne faisons aucun bien en dehors de celui que Dieu nous fait réaliser par sa grâce.
Aussi le Concile de Trente a-t-il déclaré dans sa sixième Session, can.3 : « Si quelqu'un dit que, sans l'inspiration prévenante et l'aide du Saint-Esprit, l'homme peut croire, espérer, aimer, ou se repentir comme il faut, pour que la grâce de la justification lui soit accordée, qu'il soit anathème ».
L'Auteur de l'Ouvrage Imparfait dit, à propos des animaux, que le Seigneur a donné aux uns la faculté de courir, à d'autres des griffes, à d'autres des ailes, pour qu'ils puissent ainsi préserver leur vie, mais ensuite il a formé l'homme de telle manière que Dieu seul soit toute sa force. Ainsi l'homme est de fait complètement incapable d'assurer par lui-même son salut, parce que Dieu a voulu que tout ce que l'homme a et peut avoir, il le reçoive du seul secours de sa grâce.
Mais, ce secours de la grâce, le Seigneur, selon sa Providence ordinaire, ne l'accorde qu'à ceux qui prient, selon la célèbre formule de Gennade :
« Nous croyons que personne n'aspire au salut sans y être appelé par Dieu ; aucun appelé ne fait concrètement son salut sans y être aidé par Dieu ; personne n'obtient cette aide si ce n'est par la prière ».
Si donc sans le secours de la grâce nous ne pouvons rien ; si, par ailleurs, Dieu ne donne ordinairement ce secours qu'à ceux qui prient, n'est-il pas clair, en conséquence, que la prière nous est absolument nécessaire pour le salut ?
Il est vrai que les premières grâces qui nous viennent sans aucune coopération de notre part, comme l'appel à la foi ou à la pénitence, Dieu les accorde, selon saint Augustin, même à ceux qui ne prient pas, mais le saint n'en tient pas moins pour certain que les autres grâces (spécialement le don de la persévérance) ne sont accordées qu'à ceux qui prient : « Il y a des grâces, cela est certain, que Dieu a préparées à ceux-là mêmes qui ne les demandent pas, comme le commencement de la foi, mais d'autres qu'il réserve à ceux qui les demandent comme la persévérance finale ».
De là vient que les théologiens enseignent communément avec saint Basile, saint Jean Chrysostome, Clément d'Alexandrie et d'autres, comme le même saint Augustin, que la prière est nécessaire aux adultes, non seulement de nécessité de « précepte», comme nous l'avons vu, mais de nécessité de « moyens ». Cela veut dire que, selon la providence ordinaire, il est impossible qu'un fidèle, sans se recommander à Dieu et sans lui demander les grâces nécessaires au salut, puisse se sauver.
Saint Thomas enseigne la même chose : « Après le baptême, pour que l'homme entre au ciel, la prière continuelle lui est nécessaire. Sans doute, par le baptême, les péchés sont remis ; pourtant, il reste le foyer de concupiscence qui nous combat à l'intérieur, et le monde et les démons qui luttent contre nous de l'extérieur ».
Sans le secours divin, nous sommes incapables de résister aux attaques d'ennemis si nombreux et si puissants. Or, ce secours divin ne s'obtient que par la prière.
Donc, sans la prière pas de salut possible. Que la prière soit l'unique moyen ordinaire de recevoir les grâces de Dieu, le même saint Docteur le confirme plus nettement encore dans un autre passage. Ce n'est pas, dit saint Thomas qu'il soit nécessaire de prier afin que Dieu connaisse nos besoins, mais afin que nous comprenions, nous, la nécessité où nous sommes de recourir à Dieu pour recevoir de lui les secours nécessaires à notre salut, et qu'ainsi nous le reconnaissions comme l'unique auteur de tous nos biens.
De même que le Seigneur a fixé que nous nous procurions du pain en semant du blé, et du vin en plantant des vignes, ainsi a-t-il voulu que nous recevions par le moyen de la prière les grâces nécessaires au salut : « Demandez et l'on vous donnera, cherchez et vous trouverez » (Mt 7,7).
Bref, nous ne sommes que de pauvres mendiants, qui n'avons rien d'autre que ce que Dieu nous donne en aumône : « Je ne suis qu'un pauvre et un mendiant » (Ps 40 (39) 18).
Le Seigneur, dit saint Augustin, désire et veut nous dispenser ses grâces, mais il ne veut les donner qu'à ceux qui les lui demandent : « Dieu veut donner, mais il ne donne qu'à celui qui demande ». N'a-t-il pas affirmé : « Demandez et l'on vous donnera ? »
Comme la sève est nécessaire pour que les plantes vivent et ne se dessèchent pas, ainsi dit saint Jean Chrysostome, la prière est nécessaire à notre salut. Ce même saint dit ailleurs : Comme l'âme donne la vie au corps, ainsi la prière maintient l'âme en vie : « De même que le corps ne peut vivre sans l' âme, ainsi sans la prière l'âme est morte et sent mauvais ». « Elle sent mauvais », parce que celui qui néglige de se recommander à Dieu commence aussitôt à puer le péché.
La prière est aussi appelée nourriture de l'âme ; parce que le corps ne peut se soutenir sans nourriture, et de même, dit saint Augustin, l'âme ne peut se conserver en vie sans la prière. « De même que le corps se nourrit d'aliments, ainsi l'homme se nourrit de prières ».
La prière est en outre l'arme la plus nécessaire pour nous défendre contre nos ennemis ; celui qui n'y recourt pas, dit saint Thomas, est perdu. Adam est tombé, assure le saint Docteur, parce qu'il ne s'est pas recommandé à Dieu au moment de la tentation : « Il a péché parce qu'il n'eut pas recours au secours divin ». Parlant des Anges rebelles, Gélase écrit de même : « Recevant la grâce de Dieu, c'est en vain qu'ils l'ont reçue, car ne priant pas ils ne purent tenir bon ».
Saint Charles Borromée : « Toutes les vertus trouvent dans la prière leur origine, leur croissance et leur couronnement ». Si bien que dans les ténèbres, les misères et les dangers dans lesquels nous nous trouvons, nous n'avons pas d'autre ressource pour fonder nos espérances, que de lever les yeux vers Dieu et, par nos prières, d'implorer de sa miséricorde notre salut. Et, de fait, comment pourrions-nous jamais résister aux attaques de nos multiples ennemis et observer les commandements de Dieu, spécialement après le péché de notre premier père, Adam, qui nous a rendus si faibles et si infirmes, si nous n'avions pas la prière, grâce à laquelle nous pouvons demander au Seigneur la lumière et la force sufiisantes pour les observer ?
Luther proféra un blasphème lorsqu il dit qu'après le péché d'Adam, l'observation de la loi de Dieu est devenue absolument impossible....
Il est vrai, dit saint Augustin, que l'homme, par suite de sa faiblesse, ne peut observer certains commandements avec ses forces présentes et avec la grâce ordinaire ou commune à tous, mais il peut fort bien obtenir par la prière le secours plus puissant nécessaire pour les observer. « Dieu, bien sûr, ne commande pas l'impossible, mais par ses commandements, il nous engage à faire notre possible et à le prier pour ce qui dépasse nos possibilités».
Ce texte du saint est célèbre ; il fut adopté par le Concile de Trente qui en fit un dogme de foi. Et le saint Docteur, pour répondre à la question : comment l'homme peut-il faire ce qu'il ne peut pas, ajoute aussitôt : « Voyons maintenant (pourquoi) grâce à un remède, il pourra accomplir ce dont un défaut de nature le rend incapable ». Il veut dire que nous trouvons dans la prière un remède à notre faiblesse : car lorsque nous prions, Dieu nous donne la force de faire ce que de nous-mêmes nous ne pourrions pas.
Il n'est pas croyable, continue saint Augustin, que le Seigneur ait voulu nous imposer d'observer la loi et qu'ensuite il nous ait imposé une loi impossible.
Aussi, ajoute le saint, lorsque Dieu nous fait prendre conscience de notre impuissance à observer tous ces préceptes, il nous avertit de faire les choses faciles avec la grâce ordinaire qu'il nous donne, et puis les choses difficiles avec le secours plus puissant que nous pouvons obtenir par le moyen de la prière : « D'où cette croyance très solide que le Dieu juste et bon n'a pas pu nous prescrire des choses impossibles. Par là, on nous rappelle et ce que nous avons à faire dans les choses faciles et ce que nous avons à demander dans les choses difficiles ».
Saint Alphonse de Liguori, Le grand moyen de la prière